🍿CINÉMA I SIMONE, LE VOYAGE DU SIECLE : UN HOMMAGE CONTRASTÉ.
PAR RÉGIS PENHOËT - 06.02.2023
Je vais aujourd'hui vous dresser mon avis cinématographique d'un film que j'ai pu récemment voir lors d'une sortie au Cinéville, à savoir « Simone, le voyage du siècle « réalisé par Olivier Dahan , lequel mettant un point d'honneur à rendre hommage à l'emblématique femme de pouvoir qu'était Simone Veil, cette dernière s'avérant une référence incontournable dans les combats féminins d'hier et d'aujourd'hui.
Pour être tout à fait sincère avec vous, ce n'est pas moi qui ai choisi cette séance et, bien que je n'étais pas forcément enclin à assister au second round des petits hommes bleus d'Avatar, succès incontesté du box-office qui passait également ce soir-là, j'avais davantage l'esprit à assister à une comédie, mais bon, qu'à cela ne tienne ! Il faut savoir bousculer ses habitudes et tenter, une fois de temps à autre, un film qui n'aurait de prime absolument pas attiré mon attention.
Ça fait bien longtemps que je n'avais pas ressenti un tel sentiment mi-figue mi-raisin en sortant de la salle obscure. Ce film est loin de m'avoir laissé indifférent (je pense que c'est impossible pour quiconque de ne pas être chahuté par le film retraçant un destin hors du commun), en revanche, je ne peux pas dire que j'ai été pleinement emballé…. et il m'aura fallu une bonne nuit de sommeil pour saisir le pourquoi du comment !
Le destin de cette grande dame, on le connaît toutes et tous dans les grandes lignes : elle s'est battue pour la légalisation en France du droit à l'avortement et fut la première femme à présider le Parlement européen. Pour ma part, je n'en savais pas beaucoup plus hormis qu'elle était issue d'une famille juive et que sa famille a été déportée durant la seconde guerre mondiale.
Et c'est d'ailleurs l'un des premiers manquements de ce film : on n'y apprend en définitive pas grand chose sur la vie de cette femme, on voit son mari faire quelques apparitions, pareil pour ses enfants qui sont très peu mentionnés. Et il en est de même pour sa vie politique : ses principaux combats sont évoqués mais sans véritable profondeur.
On voit le « personnage» de Simone, incarnée par Elsa Zylberstein (je reviendrai sur sa prestation plus loin) défendre les droits des femmes et notamment par le biais de la dépénalisation de l'IVG au Parlement mais on ne voit rien de son combat en interne, comme si le film s'avérait être une succession de grands moments alors qu'il aurait été plus judicieux, à mon sens, de retracer chronologiquement sa vie.
On assiste en effet, à des retours en arrière et en avant incessants : on est d'abord avec la femme de pouvoir puisque c'est Elsa Zylberstein qui l'interprète dans ses années « adultes » , puis on assiste à de nombreux flashbacks où Simone peut être enfant (auprès de sa mère) ou adolescente (avec les traits de la remarquable comédienne Rebecca Marder) lorsque sa famille est déportée vers Auschwitz (du moins sa mère, ses deux sœurs et elle puisque son père et son frère sont tués lors de leur transfert ). On est même « confrontés » à Simone au crépuscule de sa vie, une nouvelle fois jouée par une Elsa exagérément grimée et au visage engrossi ce qui lui confère un jeu qui est tout sauf naturel.
UN PARI OSÉ, VOIRE RISQUÉ ?
Et c'est d'ailleurs l'une des faiblesses majeures du film : il oscille entre faits historiques et volonté de rendre l'ensemble moderne.
La méthode de captation, les flashbacks / flashforwards incessants, l'impression de ne survoler les faits qu'en dévoilant des scènes-clé : autant d'arguments qui peuvent donner la sensation que le réalisateur s'est un tantinet perdu en voulant donner un rythme effréné à ce film qui est supposé être aux antipodes d'une production cinématographique à proprement parler.
L'introduction de ces multiples scènes coupées, parfois dénuées de toute émotion, donne un ensemble qui peut sembler ô combien brouillon, et ce même si le jeu des comédiens, dans l'ensemble, est plutôt réussi.
Mention spéciale à la jeune Rebecca Marder qui m'était totalement inconnue et qui m'a singulièrement marqué lors de ses passages dans le camp des déportés.
Parlons un peu désormais de l'actrice vedette, Elsa Zylberstein, que je connais évidemment puisqu'elle est apparue dans de nombreux films et fictions bien que j'avoue n'avoir aucun titre qui me vienne à l'esprit
(à condition bien sûr que je ne triche pas en tapotant vers « Google est mon Ami « ), exception faite peut-être d'un rôle dans la série « petits meurtres en famille « mais bon c'est loin d'être représentatif de sa carrière !
Dans les scènes où son âge était compatible avec celui de Simone Veil, je l'ai trouvée plutôt convaincante, même si je ne suis pas spécialement persuadé qu'elle possède moult ressemblances physiques avec l'héroïne du film.
En revanche, j'ai vraiment été gêné par la comédienne lorsqu'elle apparaissait en plus âgée : son jeu était figé (les effets spéciaux doivent y être pour beaucoup) et pire, j'avais l'impression d'assister à une terrible parodie, ce qui est à l'opposé de l'effet escompté.
CE QUI M'A PLU CHEZ "SIMONE"
Maintenant, parlons de ce qui m'a plu (même si cela me semble être un terme galvaudé compte-tenu de mon ressenti global ) : les musiques très prenantes lors des scènes « choc « faisaient véritablement écho avec le sentiment d'oppression que je vivais.
Je soulignerai bien sûr le réalisme de l'intégralité des scènes, d'une atrocité palpable, tournées pour retranscrire avec le maximum de véracité possible la terreur de ce qu'ont vécu les déportés et surtout le rythme du film, que j'ai certes un tant soit peu écorné quelques lignes auparavant mais qui permet à contrario de maintenir l'attention du spectateur et éviter l'effet soporifique que certains films similaires, retraçant le destin d'une personne célèbre, aurait pu produire.
En outre, je suis plus que favorable aux adaptations cinématographiques de ces personnes ayant marqué l'Histoire car cela permet pour nous adultes de les découvrir sous un nouvel angle mais surtout aux générations futures de mieux appréhender leur histoire, autrement que par les cours retracés au collège ou lycée, et pour nous tous de ne jamais effacer de nos mémoires leurs combats et / ou leurs sacrifices.