🍿CINÉMA I ARRÊTE AVEC TES MENSONGES DE OLIVIER PEYON.
PAR PEGGY VERRIER & VIRGINIE VAULOUP - 20.02.2023
Nous avons eu l'immense honneur d'assister dans une salle comble du cinéma le Katorza à Quimper à l'avant première du film "Arrête avec tes mensonges". Un film bouleversant d'Olivier Peyon librement adapté du livre de Philippe Besson. Un casting exceptionnel. Un jeu d'acteur éblouissant.
"Arrête avec tes mensonges", c'est une histoire d'amour au delà de ses propres limites.
La première partie du film a été marquée par la présence de l'association SOSHOMOPHOBIE Bretagne. (Ligne d'écoute anonyme 01 48 06 42 41)
La troisième partie par la présence de Guillaume De Tonquédec.
SELON VIRGINIE V.
Ce film m'a énormément touchée. Tant par l'histoire que par le jeu des acteurs .
Nous avons un film en deux parties.
- La première avec un trio : Guillaume De Tonquédec, Victor Belmondo et Guilaine Londez, filmés en automne et hiver.
- La seconde est un duo : Jérémy Gillet et Julien de Saint Jean, filmés au printemps et en été.
Les saisons chaudes et froides donnent un contraste évident dans le temps particulièrement judicieux aux yeux des spectateurs pour démontrer la pertinence de l'instant.
Le film se déroule en Charente. A Cognac exactement. Nous pouvons admirer les lieux de cette région avec ses caves et son lac.
Stéphane et Thomas sont deux jeunes hommes de 17 ans. Ils sont lycéens. Stéphane est homosexuel assumé. En revanche, et c'est bien là que le film veut aller, Thomas refuse catégoriquement ce qu'il est. Et pourtant….
Stéphane, alors âgé d'une cinquantaine d'années rencontre Lucas lors du bicentenaire d'une célèbre marque de Cognac dont il accepte d'être le parrain.
Soudain, un regard, une voix, une allure... Lucas l'interpelle. Il apprendra très vite que Lucas est le fils de Thomas…
A la suite du visionnage, nous avons eu l'immense privilège de dialoguer avec Guillaume De Tonquédec, un acteur généreux tant dans ses rôles d'acting que dans son discours. Il nous a livré quelques anecdotes lors du tournage, comme la façon dont il s'est préparé à ce rôle, la bouffée d'émotion lors de la lecture du script, sa rencontre avec les jeunes acteurs, notamment Victor Belmondo (fils et petit fils de…).
Victor porte un nom lourd de talent. Guillaume nous a avoué que Victor avait un manque de confiance, sans doute le poids du "nom" qui lui donne une pression supplémentaire. Mon ressenti personnel est que ce jeune Victor est un acteur exceptionnel et qu'il a un avenir tout tracé dans le monde du cinéma. Il a ce regard et cette fougue qui font de lui un "grand".
Jeremy, je le suis depuis ses débuts. Quel talent… Je suis admirative de ce jeune capable de jouer des scènes si difficiles. Il émeut par sa grâce, par son regard, par son audace, par sa pudeur…
Guilaine, un rôle crée pour le film puisque inexistant au livre, apporte ce côté drôle et insolite.
Et un grand bravo à Julien d'avoir su tenir un rôle difficile et joué a merveille.
Je ne peux que conseiller ce film. Je n'ai pas vu le temps passer. Et un film qui me donne des rires, des questionnements et des larmes … j'appelle ça un tiercé gagnant !
SORTIE OFFICIELLE LE 22 FÉVRIER 2023
SELON PEGGY
Stéphane Belcourt, romancier dont le succès n’est plus à faire mène une existence tranquille, à la capitale. Lorsque surgit dans sa vie un jeune homme, Lucas, qui va bouleverser cet équilibre en le replongeant dans son adolescence, en Charente. Une région qu’il n’a plus vue depuis son départ, il y a quarante ans.
Une époque marquée par son premier amour. Vives émotions car cette histoire a laissé une trace, telle une brûlure, et beaucoup de questions. Ce sentiment amoureux, était il partagé ?
Puis, Lucas, ce jeune homme qui cherche à comprendre, pourquoi ce père, son père, lui a toujours semblé ailleurs. A t-il grandi au sein d’un mariage d’amour, a t-il au moins été désiré. "Ma mère voulait sept enfants, une grande famille, on ne peut pas dire qu'elle ait tiré le bon numéro".
Les ouvrages de Stéphane l’ont poussé à s’interroger, un vrai jeu de piste, à travers la lecture pour en arriver à des « soupçons ». Deux hommes
qu’une génération sépare mais que beaucoup d’interrogations vont rapprocher, pour y trouver, on l’espère, un apaisement, un réconfort.
Le film se déroule donc en deux temps, deux époques. "Belcourt", aujourd’hui, en duo avec Lucas. Et Stéphane adolescent, dans les années
80. Un jeune homme que l’on découvre plutôt timide, sensible, mais aussi très sentimental. Un look assez « kitch », de « premier de
la classe » Le futur écrivain se profile déjà. Et de l’autre, Thomas, plutôt « rock », un peu « bad boy » qui fait tomber
les filles ! Le contraste entre les deux garçons est saisissant. Et pourtant…
Nostalgiques des années 80 ? Vous serez émus de retrouver certaines références musicales, vos chambres d’ados, leurs posters, vinyles, le groupe Téléphone ! La vieille savonnette jaune, et moche, dans les toilettes du lycée. La moto cross, dont on rêvait, et qui donnait cet air trop stylé ! Pas de sms, mais, plutôt des correspondances, on s’en donnait la peine.
D’amour, il est question. Entre deux jeunes garçons, âgés de 17 ans. Banal ? (aujourd’hui, peut-être, encore que…), mais, qu’en était il, il y a quarante ans de cela, dans un milieu rural. Stéphane le vit plutôt bien. Même si, la timidité l’aurait empêché de faire le premier pas. En effet, c’est bien Thomas qui initie la relation.
Et pourtant, celui-ci ne s’assume pas. Il ne faut pas que cela se sache. Il aime aussi les filles, et en voudra encore, ou s'en persuade. Cela permet aussi d’éloigner les soupçons à son égard. « Toi, c’est différent, tu sais que t’es homo ! Puis, tu seras écrivain, tu partiras à Paris, tu t’en ficheras ! Moi, je suis condamné à rester ici, prendre la suite de ma mère, à la ferme, ici, ça ne passera jamais »
Et là, je me surprends moi-même, au moment du premier rapprochement physique. À ressentir une petite gêne. Cela bouscule les habitudes. Je ne
perçois pas d’amour, à cet instant. Le lieu y est sans doute pour quelque chose. Un vieux gymnase, à l'abandon, et quelques tapis de sport empilés,
pas des plus glamour, pour une première fois, voire, un peu glauque. Gênée, peut-être aussi précisément parce qu'il faut se cacher, personne
ne doit savoir. Pas plus qu’il ne faut montrer de sentiment, semble t-il, du côté de Thomas. On veut se la jouer froid, conserver sa masculinité.
Un malaise, qui s'estompera comme par enchantement, tandis que les rendez-vous se feront plus doux.
Tout devient alors si « simple », naturel. Je ne vois plus que deux personnes qui s’aiment ! Qui vibrent, lorsque leurs regards se croisent au lycée, se donnent rendez-vous (toujours cachés). Quelque chose de palpitant, une tendresse, une complicité, à danser comme des petits fous, sur un morceau de rock ! On aimerait que cela dure toujours...
Et pourtant, rien n’est simple pour Thomas, des craintes, au sujet de l’avenir, un sentiment de honte, qui ronge mais aussi qui blesse ! Avec
ses non dits, un je « t’aime » tant attendu, qui ne vient pas. Allez, dis-moi que tu m’aimes ! J’ai mal pour Stéphane, qui
visiblement aime profondément. Comment cette relation va t-elle évoluer, je n’en dirai pas davantage ici.
Puis Lucas, ce jeune homme, en recherche d’identité, quelque part. Se demandant s’il est né d’amour. Un fils qui a besoin de réponses.
Des moments difficiles, toute la difficulté d'assumer son homosexualité. Mais, le film n'en est pas lourd pour autant, je n'ai simplement pas vu
le temps passer ! Car le ton se veut chaleureux, touchant. Quelques touches d'humour, grâce aux interventions de "Gaëlle", personnage bienveillant,
un peu "perché". Et l'énergie de l'acteur Guillaume de Tonquédec, une personnalité que j'ai adorée. Simple, bavard : on ne l’arrête plus
lorsqu’il s’agit de se livrer sur le film, et ça part dans tous les sens ! Il est le premier à s'en amuser. Un ancien timide, qui nous confie avoir
vaincu ses craintes, redressé sa posture grâce, et par le biais du théâtre.
Une libération qu’il savoure pleine balle en partageant avec les gens. Humble, il tient à le rester, même s'il ne manque pas de plaisanter au sujet
"des petits jeunes" qui "ne doivent surtout pas jouer mieux que lui ». Il m’a beaucoup touchée, fait rire !
Les "petits jeunes", ils sont brillants, dans leurs rôles pas des plus faciles à incarner. Et assumer ? Un film adapté d'un roman
autobiographique de Philippe Besson que je vais m'empresser de lire.