🍿CINÉMA I A GOOD MAN DE MARIE-CASTILLE MENTION-SCHARR
PAR PEGGY VERRIER & VIRGINIE VAULOUP - 29.10.2021
Ce soir, Samedi 23 Octobre, nous assistions à l'avant première du film "A GOOD MAN" (sélectionné au Festival de Cannes 2021), en présence de Marie-Castille Mention-Scharr, réalisatrice du film.
Good Man, c'est l'histoire d'un homme transgenre qui décide de porter l'enfant que sa compagne, stérile, ne peut avoir. Un film troublant, qui aborde à la fois la question de la parentalité et celle de l'identité sexuelle.
Bien que la salle était quasi vide, nous avons passé une excellente soirée et avons eu l'opportunité d'avoir un échange constructif avec la réalisatrice.
SELON PEGGY V.
Dès l'entrée, j'ai été saisie par le cadre. L'ile de Groix, des paysages de toute beauté, l'immensité... La Bretagne, est mise
à l'honneur. La lumière, somptueuse au lever du jour, cette scène où des bulles de savon s'envolent et dansent au coucher du soleil, des images à couper le souffle, souvent riches de
symbole.
Beaucoup d'humain, dans ce film. La relation qu'entretient Benjamin (infirmier à domicile) avec ses patients, un rôle qui va
bien au delà de l'aspect médical. Une profession bien représentée.
La douceur qui se dégage, dès que l'on aborde la question de l'enfant. Cette scène où Aude fait la lecture à son neveu. Ou encore, Benjamin jouant avec lui
avec un cerf-volant. On ressent, à ce moment que l'idée d'avoir un enfant lui ouvre des horizons, un fort sentiment de liberté (liberté d'être, peut-être...). Pas de doute, ce couple formera des
parents aimants.
L'amour très fort qui unit ce couple. Ils ont traversé des épreuves, Dû quitter Lorient pour vivre ici, une relation plus paisible. Aude a renoncé à la danse, aux
représentations pour cela, accepté également la transformation de sa compagne (Sarah). Ne leur manque que cet enfant pour être pleinement comblés.
Pour ma part, j'ai relevé que l'émotion dominante, chez moi, était l'inquiétude, la douleur, dès lors que Benjamin prend la décision de porter l'enfant. Je
l'ai perçue et ressentie jusqu'à la naissance. Des questions au sujet de l'identité, l'Etat Civil du bébé, Aude s'en inquiète, beaucoup. Elle peine à trouver sa place tout au long de cette
grossesse "Tu prends de la place, tu prends toute la place".
La Douleur dans le parcours de Benjamin (Sarah), son combat pour une identité. Ce mal-être, profond, à vivre dans la peau de quelqu'un d'autre, jusqu'à la
transformation. Tout cela s'achève sur une note douce et très émouvante pour lui, le rapprochement avec sa mère qui l'appelle, pour la première fois "Benjamin". Une scène qui m'a beaucoup
touchée. Des années d'incompréhension, de conflit, qui prennent fin par amour, celui d'une future grand-mère. Preuve que l'annonce d'un enfant apaise bien des choses...
Ma conclusion. Les larmes sont montées, tout au long du film, beaucoup d'émotions, diverses. Et, sans mentir, je ne dirais pas que je suis sortie de cette
séance en toute légèreté. Car, le sujet est lourd. Lourd de questionnement, j'ai ressenti les inquiétudes, la douleur des uns et des autres, il m'a semblé que l'histoire était belle, mais,
qu'elle restait compliquée. Compliqué de donner naissance à un enfant en tant qu'homme, la peur du regard des autres, les questions d'Etat Civil...
Je me suis néanmoins rassurée sur un point, il y aura beaucoup d'amour au sein de cette famille et cet enfant aura été profondément désiré. Et finis par me
dire que s'il bouscule, chavire autant, ce film, c'est aussi qu'il en vaut la peine.
SELON VIRGINIE V.
J'y suis allée à l'aveugle ! Le thème du film m'intéressait. Un homme enceint... waouh !!
Le film commence. La Bretagne, île de Groix, Carhaix, déjà, ça commençait bien !
Un couple ordinaire. Lui, infirmier à domicile. Elle, prof de danse.
Et puis, voilà… Elle ne peut pas porter d'enfant.
Forcément, ça m'interpelle. Lui, peut.
Ok, curieuse de savoir comment ils vont s'y prendre !
Rapidement, on voit que le couple a un vécu douloureux mais on ne sait pas quoi.
Et puis, l'indice manquant arrive... Benjamin a un utérus !
Et là... ça y est ! tout est limpide !
Au delà des apparences, le film démontre que certains d'entres nous peuvent franchir des montagnes par amour.
Je ne veux pas vous spoiler, donc, je ne vous raconterai pas le film.
La seule chose que je peux dévoiler, c'est le bonheur certain que ce couple et leur entourage (parents, amis, patients…) auront après bien des douleurs…
Mais ils auront des étapes à franchir…
Pour comprendre, on écoute, on analyse, on se fâche parfois… Les plus intelligents d'entres nous avancent avec bienveillance.
Un homme enceint est-il inacceptable?
Déontologiquement, selon sa propre sexualité, est-ce impossible?
Philosophiquement, un homme transsexuel régresse t'il son identité si il décide, par amour de porter son enfant?
J'ai vécu ce film comme le champs de tous les possibles.
Rien est figé. Tout se transforme.
Le film est beau, simple malgré un thème sociétal encore tabou.
Le casting est bluffant d'authenticités.
À voir absolument.
ENTRETIEN AVEC
MARIE CASTILLE MENTION-SCHARR, RÉALISATRICE DU FILM
Marie-Castille Mention-Scharr, réalisatrice du film "A good man" nous a fait l'honneur d'assister à l'avant première de son film et de répondre à toutes nos questions.
On lui a souvent posé la question du "pourquoi un titre anglais"?
Tout simplement parce qu'il n'y a pas de traduction française ! Un chic type, un bon gars...bof !!
Pourquoi l'île de Groix ?
le couple avait besoin d'un cocon pour se faire une vie sans a priori, sans questionnements, sans jugement.
Le choix des personnages?
Le souhait de Marie-Castille Mention-Scharr était d'avoir un homme transsexuel pour le rôle de Benjamin. Elle a eu plusieurs coups de cœur. Hélas, elle s'est heurtée à un problème de taille... aucun ne pouvait jouer le rôle avant la transition. Elle a donc opté pour Noémie Merlant, exceptionnelle dans ce rôle et Soko dans le rôle de Aude.
Un casting parfait, un décor sublime, une histoire extraordinaire…
Nous ne pouvons que vous conseiller d'aller voir ce film !